La Tétraktys Pythagoricienne
Héritiers des ces progressions phénoménales de la pensée, nous « modernes » aux pieds d’argiles, nous devons modestement nous incliner face à ce travail de « raisonnement intuitif » qui fut leur œuvre.
Sa vie énigmatique permet difficilement d’éclairer l’histoire de ce réformateur.
Le néo-pythagorisme est néanmoins empreint d’une mystique des nombres.
En effet, pour Pythagore « Tout est nombre » ( Un le Tout ) L’apport majeur de Pythagore est l’importance de la notion de nombre et le développement d’une mathématique démonstrative, mais aussi religieuse. Pythagore donne des nombres une représentation géométrique. Arithmétique et géométrique sont sœurs. Les démonstrations arithmétiques s’appuient sur des figures et cette méthode porte le nom d’arithmétique géométrique.
La Tétraktys Pythagoricienne et le Carré de 4 en sont des exemples parfaits. Chaque unité est figurée par un point, de sorte que l’on a des nombres plans (1,4,9,16, etc. qui sont carrés et 1, 3, 6,10, etc. qui sont triangulaires), des nombres rectangulaires, des nombres solides (dits cubiques, pyramidaux, etc.), des nombres linéaires et des nombres polygonaux. Le premier nombre pyramidal est 4. Cette méthode permet le calcul de la somme des premiers entiers, des premiers entiers impairs ou encore le calcul des triplets pythagoriciens.
Le mot Tétraktys signifie « quadruple éclat rayonnant ».
Ce mot évoque le nombre 4 (Tétra) et une lumière rayonnante (Actys).
La Tétraktys Pythagoricienne ou Quaternaire est un nombre représenté par 10 chiffres disposés en triangle. C’est la raison pour laquelle on l’appelle nombre figuré triangulaire. Sa formule numérique est la suivante : 1 + 2 + 3 + 4 = 10.
Cette figure était sacrée. Les pythagoriciens prêtaient serment « par la Sainte Tétraktys » ou par une autre formule de serment « le Carré de 4 » , à ne pas prendre à la légère quand on sait que certains êtres savent aller au-delà du temps. La doctrine pythagoricienne à un caractère plus cosmologique que purement métaphysique. Rappelons ici que la cosmologie est la science qui étudie la structure et l’évolution de l’Univers considéré dans son ensemble. Le quaternaire est partout présent et toujours considéré comme le nombre de la manifestation universelle. C’est donc le point de départ de la cosmologie tandis que les nombres qui la précèdent, c’est-à-dire l’unité, le binaire, le ternaire, se rapportent uniquement à l’ontologie. C’est à dire l’étude de l’être en tant qu’être, de l’existence en général dans l’Existentialisme et sur la considération de l’essence divine, nécessairement pourvue de toutes les perfections, ce qui implique que Dieux existe.
Pour l’anecdote, à l’époque de Pythagore, chaque point noir était un petit caillou disposé sur le sol, d’où est venu le nom de calcul désignant les petits « cailloux » se formant dans certains organes comme la vésicule biliaire ou les reins. Comme nous l’avons vu précédemment, la Tétraktys Pythagoricienne comprend 10 points ordonnés en un triangle équilatéral. En fait, un point central entouré de 9 points et la base du triangle composé de 4 points. Par conséquent quatre rangées des 4 premiers nombres successifs, dont la somme vaut 10. Ce qui nous amène maintenant à entrer dans le cœur même de la Tetraktys car il y a de multiples manières de la voir.
En voici donc une première analyse :
Au sommet, un seul point qui symbolise l’Un, le Divin, principe de toute chose, l’être non encore manifesté.
Au-dessous, l’origine de la manifestation marquée par 2 points, symbolisant la première apparition, le dédoublement par couple ou dyade, le masculin et le féminin, le phallus et l’œuf, etc.
Donc le dualisme interne de chaque être.
Rappelons qu’en Franc-Maçonnerie le dualisme manichéen est une impasse existentielle par nature.
Viennent ensuite les 3 points correspondants aux 3 minéraux du monde : l’enfer, la terre et les cieux.
Ainsi qu’aux 3 niveaux de la vie humaine : physique, psychique et spirituel.
Et pour terminer, nous trouvons les 4 points de la barre de la pyramide symbolisant la terre, la multiplication de l’univers matériel, les 4 éléments, les 4 points cardinaux, les 4 saisons, etc.
Cet ensemble constitue la Décade, la totalité de l’univers créé et incréé.
Nous aborderons ce sujet un peu plus loin.
Une seconde analyse de la Tetraktys Pythagoricienne avec toute la symbolique maçonnique qui s’en dégage, attirera davantage encore notre attention. Le point supérieur peut être également vu comme la représentation de l’unité fondamentale, de la dualité, de l’espace et du temps, de la matérialité. Les deux points peuvent être vus comme la représentation de la complétude des opposés complémentaires. Rappelons encore que le travail du Franc-Maçon est de s’exercer à réunir les opposés et à observer les complémentaires. Représentation également de la dynamique de la vie des éléments structurels.
Les 3 points peuvent être vus comme la figuration de la totalité, du féminin et du masculin, de la création. Les 4 points peuvent être vus comme la représentation du feu, de l’air, de l’eau et de la terre. À noter qu’au cours de ses voyages, le récipiendaire est purifié par ces quatre éléments. Il est donc possible d’établir une correspondance entre ces éléments et la Tetraktys Pythagoricienne.
« Feu. , Air.. , Eau … , Terre …. »
La somme des quatre premiers nombres faits 10. Aller du 4 au 1, c’est aller du matériel, du tangible, du minéral au Divin, en passant par les fluides, les liquides ou les gazeux.
Mais rappelons encore que pour Pythagore « Tout est nombre ». Nous trouverons enfin, ci-après, le symbole des chiffres pour les pythagoriciens.
Le 1 – la monade : unité de l’existence et harmonie générale.
Le 2 – le binaire : la diversité, la division, la séparation.
Le 2 est la dyade (le nombre 2), principe passif et actif, masculin – féminin, faculté génératrice esprit-âme et corps humain d’une part, Divin, d’autre part.
Le 3 – la triade : la loi du ternaire est pour les pythagoriciens la véritable clef de vie.
Nombre par excellence, premier impair qui réuni les propriétés des deux premiers chiffres 1 et 2.
Le 4 – le quaternaire : nombre parfait, racine des autres, nombre ineffable de Dieu.
En hébreu, quatre lettres parmi les 22 représentent le symbole de l’immortalité de l’âme qui se meut d’elle-même.
Considéré comme l’essence des quatre éléments, des quatre qualités fondamentales du corps : sec, humide, froid et chaud, des quatre principes géométriques : point, ligne, plan et solide, des quatre notes fondamentales de la gamme, des quatre fleuves du paradis terrestre, des quatre figures symboliques du char de la vision d’Ezechiel traduite par les quatre évangélistes : Mathieu, Marc, Luc et Jean.
Nous allons maintenant développer la Décade dont nous avons parlé précédemment.
Pour les pythagoriciens, la Décade était le plus sacré des nombres, le symbole de la création universelle.
C’est aussi sur le Dix qu’ils prêtaient serment en l’évoquant sous cette forme :
« La Tétraktys en qui se trouve la source et la racine de l’éternelle nature. Tout dérive de la Décade et tout y remonte. Le est l’image de la totalité en mouvement ».
Le 10 est la base du système décimal qui se répète à l’infini : « 1 » suivi de « 0 » indique que hors de l’unité tout est néant et ne subsiste que par le système des nombres qui permet d’arriver à la découverte du principe des choses.
Le 10 contient tous les principes de la divinité évoluée et réunie. 10 est le nombre de la Tétraktys, somme des 4 premiers nombres.
Citons les dix commandements, les dix plaies d’Égypte, etc. Le 10 symbolise aussi les dix doigts des deux mains.
Il exprime la valeur ultime et nécessaire de la limite et de la forme, opposées à la non-limite et au chaos. Il faut rappeler que les chiffres précédents de la Décade étaient identifiés aux dieux, le dix signifiant la somme des pouvoirs divins maintenant la cohésion du cosmos.
Pour les alchimistes, la valeur dix représente les capacités multiplicatrices de la pierre. Cette pyramide recèle l’ensemble des connaissances et en elle se trouve la source et la racine de l’éternelle nature, cela par le jeu des quatre éléments : Feu, Air, Eau, et Terre.
Dans cette interprétation, la Tétraktys représente le fondement même de l’univers et des Dieux qui le composent, selon la célèbre sentence inscrite sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes : « Connais-toi toi-même et tu connaitras l’Univers et les Dieux ».
Elle symbolise ainsi la divinité dans son acte de création du monde. Dans la symbolique maçonnique de l’Équerre et du Compas, la Tétraktys fait allusion au passage de l’Équerre au compas ou du Carré Quatre au Cercle Un, créant ainsi l’harmonie entre, le créé et le divin ou si l’on préfère, la Matière et l’Esprit. En effet le Cercle est souvent considéré comme étant le point de départ d’une tradition ou la Source de la Doctrine.
Tandis que le Carré représente le point d’aboutissement d’une Tradition, le Réservoir qui contient l’Autorité Spirituelle. La Fontaine d’Enseignement.
Comme chacun de nous avons prêté serment lorsque nous nous sommes fait constituer Franc Maçon, nous l’avons vu les pythagoriciens prêtaient aussi serment par la Sainte Tétraktys.
Mais leur amour était si grand pour cette dernière, qu’on raconte qu’ils lui auraient adressé cette prière que je vous lirais en conclusion :
« Bénis nous, nombre divin, toi qui as engendré les dieux et les hommes !
O sainte, sainte Tétraktys !
Toi qui contiens la racine et la source du flux éternel de la création !
Car le nombre divin débute par l’unité pure et profonde et atteint ensuite le quatre sacré,ensuite il engendre la mère de tout, qui relie tout, le premier-né, celui qui ne dévie jamais, qui ne se lasse jamais, le Dix sacré, qui détient la clef de toutes choses » .
Ma.°. Lom.°.